Moses Farrow et Eric Lax

Moses Farrow, le fils adoptif de Mia Farrow et Woody Allen était présent le 4 août 1992: il avait 14 ans.

Travail d’origine : Moses Farrow (@MosesFarrow), Bob Weide, Eric Lax ; traduction française : Evelyne De Zilah (@dezilahevelyne)

L’écrivain/réalisateur Robert Weide a déclaré, « Il est possible de croire en l’innocence de Woody Allen sans pour autant appeler Dylan Farrow une menteuse. » Moses Farrow pourrait bien détenir la clé de cette apparente contradiction. Dans cet extrait du récent livre d’Eric Lax, « Start to Finish », il est donné à Moses l’opportunité de partager les mémoires de sa vie sous le toit Farrow.

NOTE DE L’EDITEUR : cinq mois après la publication de cet extrait du livre de Eric Lax, Moses Farrow a écrit à propos de ses souvenirs d’enfance et du « jour en question » de façon plus détaillée dans un blog personnel intitulé « Un fils prend la parole. » N’hésitez pas à lire l’extrait ci-dessous, mais nous vous encourageons à lire l’essai plus récent de Moses que vous pourrez trouver ici. – RBW

 

Moses Farrow est né en Corée en 1978, souffrant d’une paralysie cérébrale. Il a été abandonné dans une cabine téléphonique, emmené dans un orphelinat et adopté par Mia Farrow quand il avait deux ans. En 1985, elle a adopté Dylan ; en 1991, Woody Allen est devenu leur père adoptif.

Aujourd’hui âgé de 39 ans, devenu un thérapeute familial, Moses parle de son enfance dans laquelle sa mère créait une atmosphère « où je sentais le besoin constant de gagner sa confiance et son approbation ».

Dans ses premiers souvenirs : « J’étais réveillé au milieu de la nuit par Mia. J’étais en maternelle. Je dormais dans la chambre des filles avec mes sœurs adoptives Lark et Daisy, sur le lit inférieur. Mia m’a tiré de là. J’étais toujours à moitié endormi alors qu’elle me demandait d’une voix dure si j’avais pris ses médicaments. Elle ne s’inquiétait pas de savoir si j’en avais avalé mais m’accusait de les lui avoir volés. Elle m’a entraîné dans sa salle de bain. Je pleurais et elle se tenait devant moi, en colère. Je lui ai répété au moins une dizaine de fois que je n’avais pas pris ses médicaments, mais finalement j’ai dit ce qu’elle voulait entendre. J’étais forcé de mentir. Cependant, simplement dire que je les avais pris ne suffisait pas et plus de questions ont suivi. J’ai dû élaborer mon mensonge et dire que j’avais avalé quatre ou cinq cachets car je les avais pris pour des Tic Tacs. Elle m’a entrainé jusqu’au lavabo et m’a forcé à me laver la bouche avec le savon en me disant que mentir était une mauvaise chose à faire. Une fois que j’ai rincé ma bouche, elle m’a remis au lit. Le lendemain, j’ai cherché les médicaments disparus et je les ai trouvés sous le meuble entre les toilettes et la baignoire ; pourtant, je ne le lui ai jamais dit, de peur de m’attirer encore plus d’ennuis. C’était la première fois que je me sentais vraiment effrayé par elle, et c’était le début de la longue et impossible tâche pour obtenir son approbation. Je peux me souvenir des nombreuses fois où elle m’a fait comprendre que c’était à moi de gagner sa confiance.

L’été entre ma première et ma deuxième année (CP et CE1, n.d.t), elle avait fait mettre un nouveau papier peint dans ma chambre, à l’autre bout du couloir, au deuxième étage de la maison du Connecticut. Je me préparais à aller me coucher, quand ma mère est arrivée jusqu’à mon lit où elle a trouvé un mètre ruban. Je ne savais même pas ce que c’était. Son visage a pris une expression sévère qui m’a figé. C’était vraiment effrayant. Elle m’a demandé si c’était moi qui l’avait pris. Elle utilisait cette voix familière à laquelle je m’étais habitué et m’expliquait qu’elle l’avait cherché toute la journée. Je me tenais devant elle, pétrifié. Elle m’a demandé pourquoi c’était sur mon lit. Je lui ai dit que je ne savais pas, que peut-être l’ouvrier l’avait oublié ici. Après avoir demandé plusieurs fois la réponse qu’elle voulait, elle m’a giflé, faisant tomber mes lunettes. Elle m’a dit que je mentais. Elle m’a ordonné de dire à mes frères et soeurs que j’avais pris le mètre ruban. A travers mes pleurs et mes larmes, je l’ai écoutée expliquer que nous allions répéter ce qui devait se passer. Elle m’a dit qu’elle allait entrer dans la chambre et je lui dirais que j’étais désolé d’avoir pris le mètre ruban, que je l’avais pris pour jouer avec et que je ne le referai plus jamais. Nous avons répété au moins une demi-douzaine de fois. Il se faisait tard, j’étais effrayé et je n’avais pas arrêté de pleurer. Une fois qu’elle a été satisfaite, elle m’a pris avec elle dans le fauteuil à bascule et m’a bercé. Peu de temps après, elle m’a emmené en bas et m’a fait un chocolat chaud avant de me mettre au lit. C’était le début de ses coachings, manœuvres, scénarisations et répétitions.

« Pendant les quelques années qui ont suivi, j’ai continué à devenir plus inquiet et plus effrayé. A ce moment, j’avais appris à me battre, m’enfuir et à me figer sur place. Je choisissais souvent les deux dernières options. Une fois, lorsque j’étais encore enfant, on m’a offert une nouvelle paire de jeans. J’ai pensé que ça aurait l’air cool si je coupais quelques boucles de ceinture. Lorsque ma mère a vu ce que j’avais fait, j’ai eu droit a de nombreuses fessées et elle m’a fait retirer mes habits en me disant : ‘Tu ne mérites aucun de ces vêtements.’ Puis, elle m’a demandé de rester au coin, nu dans sa chambre. »

« Monica Thompson était une baby-sitter dans la famille Farrow de 1986 à 1993. En janvier 1993, dans une déclaration sous serment aux avocats de Woody parue dans le Los Angeles Times, elle a déclaré que vers 1990, elle avait vu Mme Farrow gifler Moses parce qu’il n’arrivait pas à trouver la laisse du chien. « Les autres enfants étaient horrifiés et ont dit à leur mère que ça ne pouvait pas être Moses qui avait perdu la laisse. Mme Farrow a dit aux enfants que ce n’était pas à eux de faire des commentaires sur l’incident. Les enfants avaient peur de leur mère et n’aimaient pas se confier à elle car ils étaient effrayés par ses réactions. » (Thompson a reconnu qu’en 1992, elle a dit à la police du Connecticut que Mme Farrow était une bonne mère et qu’elle ne battait pas ses enfants mais qu’elle avait menti car elle était sous pression pour soutenir les charges à l’encontre de Woody et craignait de perdre son emploi. Elle a démissionné en janvier 1993, lorsqu’elle a été assignée à comparaître pour témoigner lors de la bataille judiciaire.)

A une occasion, Moses a pourtant contre-attaqué : « Un jour d’été dans la maison du Connecticut, Mia m’a accusé d’avoir laissé les rideaux fermés dans la pièce où se trouvait la télévision ; ils avaient été tirés la veille quand Dylan et Satchel regardaient un film. Elle a insisté sur le fait que je les avais fermé et laissé comme ça. Son amie était venue lui rendre visite et pendant qu’elles étaient dans la cuisine, ma mère a insisté en disant que j’avais fermé les rideaux. A ce moment, je ne pouvais plus supporter ça et je ne me suis pas contrôlé. Je lui ai crié : « Tu mens ! » Elle m’a lancé un regard et m’a entraîné dans la salle de bain à côté de la pièce où se trouvait la télévision. Elle m’a frappé partout sur le corps de manière incontrôlable. Elle m’a giflé, m’a poussé et m’a encore frappé. Elle m’a dit : « Comment oses-tu dire que je suis une menteuse devant mon amie ? C’est toi le menteur. »J’étais vaincu, anéanti et battu. Mia m’avait débarrassé de ma parole et de mon estime de moi-même. Il était clair que si je m’éloignais ne serait-ce qu’un peu de sa réalité, elle ne le tolérerait pas. Alors, j’ai grandi en lui étant fièrement loyal et obéissant, même si je vivais en ayant terriblement peur d’elle. Si je me base sur ma propre expérience, il est possible que Mia ait répété avec Dylan ce qu’elle a finalement enregistré sur une vidéo. Comme elle l’a fait avec moi, il est possible qu’elle ait préparé une mise en scène et prévu ce qui devait avoir lieu. »

Pendant la bataille judiciaire de 1993, une personne qui venait souvent dans la maison des Farrow a un jour trouvé Dylan en train de pleurer. Cet événement a été confirmé par une autre personne qui venait souvent en visite. « Dylan m’a demandé si c’était OK de mentir. Elle n’avait pas envie de mentir et se demandait ce que Dieu en penserait. Elle voulait une poupée Attic Kids mais Mia la lui refusait. C’était peu de temps avant que Dylan ne doive parler avec quelqu’un en rapport avec le procès. Elle disait que sa maman voulait qu’elle dise quelque chose qu’elle ne voulait pas dire. La semaine suivante, elle avait une poupée Attic Kids, habillée d’une robe jaune. Je lui ai demandé ce qu’il s’était passé. Elle a dit qu’elle avait fait ce que sa maman lui avait demandé. »

Cette histoire n’a pas surpris Moses qui ajoute : « Je peux parler de cela en connaissance de cause. L’habileté de Mia et son intention de modeler ses enfants pour ses objectifs étaient associées à la peur constante que son secret de parent abusif soit divulgué et que la réputation qu’elle avait construite de mère aimante entourée de nombreux enfants adoptés soit détruite. Ma plus grande peur était que nous soyons rejetés, excommuniés même, d’elle et de la famille. Je vivais dans la peur constante que cela arrive. Quand on est un enfant adopté, il n’y a pas de plus grande peur que celle de perdre sa famille. »

Soon-Yi Previn a dit à ce sujet : « Elle aimait bien s’en prendre à certaines personnes. Elle choisissait les cibles les plus faciles, les plus vulnérables. Elle avait un fort tempérament. Une fois, elle m’a donné un coup de pied et m’a frappée encore et encore avec le téléphone. Elle était toujours physiquement violente avec nous. J’avais appris à rester éloignée d’elle et à être en mode survie, mais Moses a tout pris car il était trop innocent, trop gentil, pour comprendre toute la situation. Elle était régulièrement mentalement et physiquement violente envers lui. »

Lorsque Woody et Soon-Yi ont commencé leur relation, Moses a passé de nombreux jours et de nuits à soutenir Mia. Un jour, Moses s’est rendu lui-même au bout de l’allée de la maison du Connecticut pour dénoncer Woody à la foule des médias.

« A treize ans, je croyais que c’était la bonne chose à faire », dit-il. « Je me montrais loyal envers ma mère. Mia avait déjà établi ceci avec nous : ‘Vous devez être avec moi ou bien vous êtes contre moi. Nous sommes en guerre. Ceci est une bataille judiciaire. Nous devons rester soudés en tant que famille.' »

Cependant, alors que la bataille judiciaire continuait, Moses trouvait que malgré sa loyauté instinctive envers Farrow, il était émotionnellement déchiré entre ses parents. Pendant une séance avec la juge Renée Roth, qui avait supervisé son adoption, Moses se souvient d’avoir appris que Woody avait proposé qu’il vienne vivre avec lui. Moses déclare à ce sujet : « Je pense qu’à ce moment, Woody savait quel genre de mère était Mia. Il essayait de protéger ses enfants et essayait de leur offrir une vie meilleure avec de la gentillesse, de l’amour et de l’affection, parce que c’est le genre de personne qu’il est. » A cause de la loyauté écrasante demandée par Mia, Moses a choisi de rester avec elle et est devenu interne dans un lycée du Connecticut.

Pendant la bataille pour la garde des enfants, Moses a subi une évaluation psychologique. « J’ai dit au psychologue que je me sentais comme si j’étais un pion. J’étais déchiré entre Mia et Woody. Après que son rapport ait été transmis, j’ai reçu un appel très contrarié de Mia à l’école. Elle disait : ‘Tu as détruit mon affaire ! Je ne peux pas croire que tu as dis que tu te sentais déchiré. Tu dois retirer tes propos. Tu dois appeler ton avocat et rectifier cela.' » Moses a fait ce qu’on lui avait demandé.

Il se souvient de sa relation avec Woody dans son enfance comme étant à l’opposé de celle qu’il avait avec Mia. « Il arrivait à notre appartement chaque matin à six heures et demi. J’aimais me lever plus tôt que les autres et lui et moi étions ensemble à la table de la cuisine. Il apportait toujours deux journaux et une demi-douzaine de gros muffins. Il ouvrait le New York Times et restait assis en tournant les pages, et je prenais le New York Post pour aller directement à la page des comics et des mots croisés. Nous lisions ensemble avant d’aller réveiller Dylan. C’était paisible et mémorable. Il préparait quelques tartines de pain grillé avec du miel et de la cannelle et restait là pendant qu’elle prenait son petit-déjeuner. Il semblait vraiment heureux de s’occuper d’elle. Pour moi, c’était un père attentionné. Il m’aidait à me sentir bien dans ma peau et je sentais qu’il faisait tout ce qu’il pouvait pour nous inclure dans sa vie. » (L’une des compagnies de production de Woody s’est longtemps appelée Moses Productions. Une autre s’appelait Dylan et Satchel Productions.)

Moses est certain que Woody n’a pas sexuellement agressé Dylan : « Les accusations contre Woody étaient calculées. Mia avait un juge qui semblait sympathique à sa cause, elle a trouvé un avocat qui l’a aidée à fabriquer ses arguments, elle a utilisé son influence en tant que mère sur ses propres enfants pour gagner la sympathie des médias. »

Il ajoute : « Le fait que Mia dise à Woody qu’elle avait prévu quelque chose contre lui est un exemple de sa manière d’opérer. D’un côté, elle se mettait dans des colères incontrôlables, mais de l’autre, elle faisait aussi des plans soigneusement préparés. Elle instillait la peur. Elle demandait qu’on lui obéisse. Ce n’était pas seulement quelques gifles mais des mesures disproportionnées. Maintenant que je ne vis plus dans la peur de son rejet, je suis libre de partager comment elle a procédé à un lavage de cerveau sur moi, Ronan et Dylan. En 2002, j’ai dit à Mia que je voulais contacter Woody. Sa première réponse a été compréhensive et maternelle : ‘Je peux voir qu’avoir un père te manque et je te soutiendrai.’ Cependant, moins de 24 heures plus tard, elle m’a dit : ‘Je t’interdis de contacter Woody.' » Pourtant, il l’a fait et ils se sont réconciliés. Mme Farrow a coupé les ponts avec Moses.

En février 2014, Nicholas D. Kristof a laissé de la place dans sa colonne pour le New York Times à une lettre ouverte de Dylan dans laquelle elle détaille sa supposée agression par Woody en 1992 : « Mon père m’a demandé de me coucher sur le ventre et de jouer avec le train électrique de mon frère. Puis, il m’a sexuellement agressée… Je me souviens que je regardais ce petit train, me concentrant dessus pendant qu’il faisait le tour du grenier. A ce jour, il m’est difficile de regarder des trains électriques. »

C’est une lettre déchirante, et elle croit sans aucun doute à chacun de ses mots. Mais le grenier n’est pas le premier endroit où la supposée agression était censée avoir eu lieu et en dehors des détails de la lettre qui ne sont pas consistants avec ce qu’elle a dit aux enquêteurs de Yale-New Haven, Moses dit qu’il y a un problème central avec ses souvenirs : « Je peux vous l’assurer, il n’y avait pas de train électrique dans ce grenier. Il n’y avait rien de pratique dans cet espace pour des enfants qui voudraient y jouer. C’était un grenier inachevé avec une isolation en fibre de verre. Cela sentait la naphtaline et il y avait des pièges à souris et du poison laissés là. Ma mère utilisait cet endroit pour stocker des malles pleines de vêtements ou d’autres choses de ce genre. L’idée que cet espace puisse permettre à un train électrique de de fonctionner et tourner autour du grenier n’a aucun sens. L’un de mes frères avait un train électrique mais il se trouvait dans la chambre des garçons au premier étage. Peut-être était-ce le train électrique dont ma sœur pense se souvenir. » Mia Farrow a décrit l’endroit dans une déposition faite en 1992 comme « un espace fermé… avec un avant-toit tombant « .

Moses a dit au magazine People en 2014 : « Bien sûr que Woody n’a pas agressé ma sœur. Elle l’aimait et avait hâte de le voir quand il venait. Elle ne se cachait jamais de lui avant que notre mère ne réussisse à créer cette atmosphère de peur et de haine contre lui. Le jour en question, six ou sept d’entre nous se trouvaient dans la maison. A aucun moment, mon père ou ma sœur ne se trouvaient ensemble dans un espace privé. Je ne sais pas si ma sœur croit vraiment qu’elle a été agressée ou si elle essaie de plaire à sa mère. Plaire à ma mère était une motivation très forte car ne pas être de son côté était horrible. »

Mme Farrow a refusé de répondre à People concernant les accusations de Moses mais a tweeté : « J’aime ma fille. Je la protégerai toujours. Beaucoup de choses cruelles vont être dites sur moi. Mais ceci n’est pas à propos de moi, c’est à propos de sa vérité. » Dylan a déclaré au sujet de Moses à People : « Il est mort pour moi. » Elle a ajouté : « Je ne sais pas où il a trouvé cette idée d’être battu. Nous étions parfois renvoyés dans nos chambres. »

Monica Thompson n’était pas dans la maison le jour du supposé incident, mais selon l’article du Los Angeles Times, elle a dit dans sa déclaration que lorsqu’elle est revenue travailler le jour suivant, « Moses est venu me voir et a dit qu’il pensait que Mme Farrow avait fabriqué ces accusations faites par Dylan. » Il a été dit que Woody payait son salaire et que par conséquence, elle était moins fiable, mais il ne la payait qu’indirectement ; il dit qu’il a donné 1 million de dollars à Mme Farrow pour les besoins de leurs enfants, prélevé du salaire qu’il avait reçu en 1990 pour jouer dans Scènes de ménage dans un centre commercial de Paul Mazursky.

En 1970, dans l’album On My Way to Where de Dory Previn (elle a épousé André Previn en 1959 avant de divorcer en 1970 après que Mia Farrow soit tombée enceinte de lui) se trouve une chanson parlant d’inceste, Avec mon Papa dans le Grenier qui contient ces paroles : « Et il jouera / De sa clarinette / Quand je désespère / Avec mon / Papa dans le grenier. » Woody a dit que Dory, qui est morte en 2012, lui a téléphoné au moment des accusations d’abus sexuelles pour lui dire « c’est de là qu’est venue l’idée à Mia de préparer cette histoire ».

Avant que Linda Fairstein ne devienne auteur de best seller, elle était directrice de la première unité de crimes sexuels aux Etats Unis, nommée en 1976 par le procureur de New York Robert M. Morgenthau. Jusqu’en 2002, elle a supervisé des enquêtes sur des milliers d’allégations d’abus sexuels sur enfants, et elle a une opinion éclairée sur cette affaire.

« Une fois qu’il y a eu la suggestion que Woody Allen avait une liaison avec Soon-Yi, alors il y avait toutes les raisons pour Mia Farrow de faire quelque chose de fou dans sa colère, et il n’y a pas de meilleure arme que vos enfants. Alors prenez le maillon le plus faible – la plus jeune, la fille – et tout ce que vous avez à faire pour que le public croie que vous faites face à un monstre, c’est de faire cette accusation.

« Quand on m’a appris que Mia avait filmé Dylan – dans onze segments différents, à différents moments et endroits, dont un plan où elle est nue dans la baignoire, d’autres à l’extérieur où on la voit sans son haut – cela m’a semblé être la chose la plus folle que j’ai jamais entendu. Sur tous les plans, c’est la dernière chose que vous devriez faire. D’abord, il y a le fait de la filmer nue tout en lui posant encore et encore des questions sur ce qu’il s’est passé. Pourquoi est-ce que vous exposez votre enfant à ces vidéos qui se retrouveront peut être un jour entre les mains du public ou dans une salle d’audience ? Ce simple fait devrait être alarmant. »

Concernant Mme Farrow disant à Woody : « Tu as pris mon enfant, je vais prendre le tien. », Fairstein ajoute : « Cela sonne de manière véridique pour moi. C’est le genre de poison auquel je suis habituée à voir dans ce genre d’affaire : Tu as détruis ma vie, je vais te frapper là où ça fait le plus mal. L’idée de dire à un personnage public la pire chose que vous pourriez mettre en première page est tout à fait conforme à la façon dont ces cas sont utilisés dans les problèmes matrimoniaux. »

Fairstein cite des études qui ont été faites durant les vingt dernières années sur « A quel point les enfants sont influençables. On a raconté une histoire à Dylan et il n’y plus qu’une personne à qui plaire. Papa a déjà été jeté hors du tableau. C’est effrayant. Comme chaque enfant, si vous ne pouvez pas être avec les deux parents, vous voulez être avec celui qui reste. Donc, en partant de ce principe, je ne pense pas qu’elle ait été libre de dire autre chose. Si vous pensez comme moi que cette accusation est fausse, alors c’est la faute de la femme qui a créée cette accusation, blessant cette enfant à vie. »

« J’ai travaillé dans le bureau du procureur pendant trente ans, et ce genre d’affaire était ma spécialité pendant 28 ans, donc il y a eu des milliers d’affaires d’abus dans lesquelles j’avais un rôle direct ou bien de supervision. Je n’ai aucune raison de croire que cet événement a eu lieu. »